Winterreise

Note 2 étoiles

Un spectacle produit par Le Centre International de Créations Théâtrales/ les Bouffes du Nord (75), vu au Théâtre de l’Athénée (75) le 19 novembre 2025, à 20H.

  • Musique : Franz Schubert
  • Sur des poèmes de : Wilhem Müller
  • Mise en scène : Deborah Warner
  • Scénographie et costumes: Justin Nardella
  • Création lumière : Jean Kalman
  • Ténor : Ian Bostridge
  • Piano : Julius Drake
  • Genre : concert théâtralisé
  • Public : Spectacle tout public
  • Durée : 1H15

 

Il y a un mois, j’allais voir à l’Athénée un superbe « Don Giovanni » (chroniqué). Un flyer annonçait la tenue prochaine de « Winterreise ». Bonne piqûre de rappel. Non pour Schubert, que je n’apprécie que médiocrement, mais pour Deborah Warner. La metteuse en scène britannique m’a laissé des souvenirs impérissables mais je n’avais plus vu son travail depuis 25 ans, au moins.

Si Deborah Warner est à l’affiche, c’est que le poème lyrique de Schubert est théâtralisé, à la demande et à partir du livre écrit par le ténor Ian Bostridge.

Les lieder sont donc interprétés avec une expressivité intense, d’une voix belle et suave. Pour souligner les moments clefs du texte, le chanteur décale légèrement le phrasé mélodique que l’on connaît : allongement du souffle pour prolonger un vers, accentuation marquée de certains mots. Je ne me sens pas vraiment autorisée à parler musique, mais si ces trouvailles sont parfois heureuses, à d’autres moments, elles engendrent un effet de braiements des plus dissonants. Et surtout, le systématisme du procédé finit par rendre l’ensemble monotone.

Même ambivalence pour la mise en scène. Elle est belle et ingénieuse. Sur le petit plateau de l’Athénée, Deborah Warner  et Justin Nardella parviennent à donner l’illusion du voyage. Les éléments de décors sont minéraux : des parois de marbre avec des ouvertures pour dessiner tantôt une montagne, tantôt une maison ; un tas de cailloux, un pavage carré, une dalle cuivrée, un bac de sable blanc, trois banquettes. Cette froideur et cette rectitude de l’environnement s’accordent avec le romantisme du cycle schubertien : elles sont l’expression du désarroi du personnage, lequel va mettre, dans sa folie, le plateau sans dessus dessous. Les lumières suivent ces mouvements de l’âme. C’est en un sens très réussi mais, à titre personnel, je regrette l’aspect littéral de la traduction dans l’espace.

« Winterreise » est un spectacle de très bonne qualité, mais qui ne m’a pas personnellement convaincu.

 

Catherine Wolff

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