Spectacle produit par la compagnie Scènes plurielles (31), vu le 27/07/2025 à 12h05 au la Scala Provence (84) dans le cadre du festival off d’Avignon.
- Auteur : Cédric Chapuis
- Mise en scène : Stéphane Batlle
- Interprète : Cédric Chapuis
- Création lumière : Cilia Trocmée
- Présidence : Marie Bruant
- Type de public : Tout public à partir de 6 ans
- Genre : Théâtre musical
- Durée : 1h25
Pas de décor sophistiqué. Juste un homme en blanc, seul, debout, qui tape sur son corps. Et très vite, ce simple geste devient musique. Croches, doubles croches, … jusqu’aux septuples et octuples croches, rythmes effrénés, improvisés. Le spectacle commence comme une pulsation — celle du corps, celle de la vie.
Ce garçon, c’est Adrien. Il est «?différent?» aux yeux des autres, mais ne se vit jamais comme tel. Il vit simplement avec sa propre mesure. Et cette mesure, c’est le rythme. Là où les mots manquent, où les conventions sociales lui échappent, la batterie devient langage, abri, obsession joyeuse. Avec elle, Adrien existe, s’exprime, vibre.
On découvre un enfant en décalage avec le monde, qui redouble encore et encore, qui se prend des claques — parfois physiques, parfois symboliques. Mais plutôt que de s’enfermer dans le silence ou la colère, il transforme ces coups en musique. Il les recycle en notes, en pulsations. Il bat, il tape, il joue. Il résiste.
Cédric Chapuis, seul en scène, livre une performance impressionnante : drôle, touchante, profondément humaine. Son personnage fait penser à Forrest Gump pour sa naïveté sincère, mais avec une puissance d’expression rythmique qui le rend unique. Il est à la fois comédien, conteur et musicien, et passe d’une anecdote tendre à une démonstration de batterie virtuose sans jamais casser le fil de l’émotion.
Le public rit beaucoup. Il applaudit, souvent entre deux morceaux, emporté par la fougue, surpris par la tendresse. On pense assister à un spectacle musical… et on découvre, au détour d’un silence, une histoire. Elle se déploie en filigrane, presque en sourdine, puis surgit dans sa simplicité bouleversante.
Et quand le spectacle revient à son point de départ — un homme en blanc qui tape sur son corps pour faire naître des rythmes — on comprend que ce n’était pas juste un tour de force musical. C’était un portrait. Une confidence.
Dans ce seul en scène, Cédric Chapuis incarne Adrien avec une justesse troublante, pleine de délicatesse et d’humour. Une vie sur mesure est une parenthèse de théâtre tendre et lumineuse, où l’on rit, où l’on s’étonne, mais surtout — où l’on tend l’oreille, captivé par le chant singulier d’un être à part.
JDM