Spectacle de Robin Bonenfant, vu le 14/11/2025 à 20h au Théâtre Episcène dans le cadre de « Ceci n’est pas un festival » à Avignon (13-29 novembre 2025).
- De et avec : Robin Bonenfant
- Œil extérieur : Johara Louisa Belhmane
- Type de public : Tout public à partir de 12 ans
- Genre : Seule en slam
- Durée : 1h
Robin Bonenfant est une slameuse, poétesse et comédienne bruxelloise, championne de Belgique de slam, vice-championne du monde et championne du slam du Lux (Benelux, Hongrie, Suisse, France). On lui reconnaît ses performances poétiques et ses engagements politiques, exprimés au travers de spectacles et plusieurs œuvres édités.
La musique m’accueille, la lumière s’installe peu à peu. Robin est là, face public, par sa présence elle emplit toute la scène. Elle commence à déclamer. Sa diction est claire, calme mais dynamique, ses mots choisis. Elle a un style bien à elle, peu commun, une voix, un timbre particulier. Elle interpelle. Robin nous partage ses ressentis d’enfant, ses croyances naïves et tellement naturelles. Elle nous raconte le choc, arrivée à l’âge adulte quand elle prend conscience des mensonges et du conditionnement familial et sociétal. Elle nous fait part de son état déboussolé entre les leurres et les injonctions, les codes et les normes inévitables que la société impose sournoisement tels les dictats. Consciente de ce cloisonnement dans lequel elle se trouve, coincée dans ce malaise des émotions retenues, elle va réagir et trouver le moyen de grandir, de se libérer et de créer.
Robin aborde le poids du monde, de la société, sur l’individu qu’elle est, sur l’enfant qu’elle était, que nous avons tous été, que nous sommes tous encore au fond de nous. Elle fait un parallèle entre la souffrance de l’Homme – la Femme – l’Humain et celle de cette planète que l’homme en question fait tant souffrir. Elle interroge la notion de responsabilité individuelle et l’impact potentiel de nos choix sur l’environnement, sur les conditions humaines. Elle jette un pavé sur le paradoxe entre les théories et belles promesses gouvernementales, et l’état du monde, les injustices sociales flagrantes et la culpabilité portée par les plus modestes. Elle crie à l’incohérence entre les discours politiques et la réalité du vivant, elle pleure la décrépitude de l’espoir chez notre jeunesse. Elle se fait le témoin d’un sentiment d’impuissance partagé. Comment lutter ? Robin a fait un choix, celui du cœur, celui de retourner en soi, à l’essentiel, de s’appuyer sur l’Amour.
Quelle belle poésie nous présente-t-elle là, forte, puissante. Robin est une jeune femme qui a des choses à dire et qui plus est, habilement ! Au départ elle m’a rappelé Thiéfaine, pour les métaphores et le style barré. J’ai aussi pensé à Brel, pour la sensibilité à fleur de peau. Ces pensées ont vite disparu pour laisser la place à un style bien à elle, singulier, une diction pleine d’émotion. J’ai été bluffée par son habileté à utiliser le ielle tout en gardant une syntaxe fluide et parfaitement compréhensible.
Rachel Ferrier Savarin