Spectacle de la compagnie Les Contres Courants (75) vu le 10/07/2025 au Théâtre de la CHAPELLE DU VERBE INCARNÉ (84) à 12h10 dans le cadre du festival Off 2025
- Auteur: George Gershwin
- Texte: : Ira Gershwin
- Chant : Joseph DeCange, Livia Louis-Joseph Dogué, Ludivine Turinay, Auguste Truel
- Direction artistique : Fabrice di Falco
- Collaboration artistique: Richard Martet
- Genre : Théâtre contemporain
- Type de public : Tout public à partir de 6 ans
- Durée : 55 minutes
Porgy and Bess n’est pas ici présenté comme un opéra traditionnel tel qu’on pourrait le voir à Garnier ou Bastille. Nous sommes au Festival Off d’Avignon, dans une forme condensée, intimiste et inventive. Sur scène, quatre chanteurs, non vingt-quatre. Pas d’orchestre symphonique, un simple piano suffit. Point de décors grandioses : quelques caisses en bois, un fauteuil, et beaucoup d’imagination. Les costumes sont sobres et portés tout au long du spectacle, sauf lorsque l’un des chanteurs interprète plusieurs rôles. La durée est elle aussi réduite à 55 minutes, loin des quatre heures de l’opéra original de 1935. Et pourtant, c’est merveilleusement efficace : aucun risque d’ennui.
En introduction, Richard Martet présente brièvement l’œuvre et les artistes.
La représentation s’ouvre sur le célèbre Summertime, magnifiquement interprété par Livia Louis-Joseph-Dogué (Bess).
Bess tente d’échapper à l’emprise de Crown, un pervers narcissique qui la tient sous son joug. Sportin’ Life, trafiquant de drogue, essaye lui aussi de l’attirer. Mais c’est finalement Porgy, le mendiant estropié, qui conquiert son cœur et l’épouse. Ils goûtent enfin au bonheur, jusqu’au moment où Crown refait surface, contre toute attente.
Les quatre chanteurs, tous lauréats du Concours Voix des Outre-mer, incarnent Porgy (Auguste Truel (Haïti) – Baryton), Bess (Livia Louis Joseph Dogué (Martinique) – Soprano), Maria (Ludivine Turinay (Martinique) Mezzo Soprano), Sportin’ Life et Crown (Joseph De Cange (Île de France – Guadeloupe / Baryton-Basse). Les chants sont en anglais, les dialogues en français, et l’interprétation théâtrale très vivante. Un narrateur, Fabrice di Falco, intervient régulièrement pour éclairer l’action et guider le spectateur.
Les costumes, bien que limités en nombre, sont choisis avec soin. Bess porte une robe blanche ouvragée ; Porgy, un élégant costume clair, en contraste avec son statut de mendiant — ils forment un couple touchant et raffiné. Sportin’ Life et Maria arborent du madras : quelques touches sur la chemise blanche de l’un, une robe entière pour l’autre. Même la pianiste en porte. Quant à Crown, il est vêtu de noir, renforçant par son apparence le rôle de menace.
Le contraste visuel entre Bess et Crown, le blanc et le noir, symbolise puissamment la lutte entre le bien et le mal.
J’ai particulièrement remarqué Sportin’ Life, dont la démarche féline et rusée évoque un renard : une belle trouvaille de mise en scène.
La fin arrive presque brutalement. Je me suis surprise à penser : « Déjà ? », signe que je n’ai ressenti aucune longueur.
Des voix remarquables, un concentré vibrant de Porgy and Bess, accueilli par les applaudissements nourris d’une salle comble.