Spectacle de la Compagnie Mother in Trouble (75) vu le 17/07/2025 à 14h25 au théâtre des BÉLIERS (84) dans le cadre du festival d’Avignon
- Auteur : Pierre DELAUP
- Mise en scène : Pierre DELAUP
- Interprétation : Marine LLADO
- Lumière: Xavier HULOT
- Type de public : Tout public à partir de 12 ans
- Genre : Seul·e en scène
- Durée : 1h20
Marine nous embarque dans l’histoire de sa grand-mère Paquita, aujourd’hui âgée de 90 ans. Assise dans son rocking-chair, en train de tricoter des chaussettes, Paquita ressent le besoin de raconter son passé : celui de son exil depuis un petit village espagnol, au moment où le franquisme s’installe, jusqu’à son arrivée en France.
Tout commence en janvier 1939, lors d’un repas familial. Le père, de retour, impose un départ précipité pour Barcelone. Paquita n’a alors que 11 ans. Suivront la traversée éprouvante des Pyrénées, le camp de réfugiés à Argelès-sur-Mer, la prison… Une trajectoire de vie marquée par la fuite, la douleur, le déracinement — mais aussi par la résistance et la tendresse.
Ce spectacle, c’est une mémoire intime qui s’inscrit dans la grande Histoire. On y entend les cris, les silences, le froid, la faim, les barrières de la langue. Mais aussi l’amour, l’humour, la solidarité.
La comédienne incarne avec justesse une galerie de personnages : la grand-mère Paquita à différents âges, des figures croisées sur la route de l’exil, et surtout la mère, dont la posture — mains sur le ventre et le dos — dit beaucoup sans un mot. Une performance sensible, pleine d’humanité.
Quelques mots en espagnol ponctuent le spectacle. Ils apportent une touche d’authenticité, avec des expressions du quotidien qui ancrent encore davantage le récit dans sa culture d’origine.
Petit bémol : une tendance à crier tout au long du spectacle, ce qui finit par nuire à l’émotion dans certaines scènes et créer chez moi parfois de l’agacement.
Le fil rouge du tricot est particulièrement réussi. Il relie les époques et symbolise à la fois la transmission, la patience, et l’attachement aux autres. Tricoter pour soi, apprendre à tricoter ensemble, puis offrir ces chaussettes à la Croix-Rouge : c’est une manière simple et belle de refermer le récit sur une note pleine de chaleur. Cela m’a touchée.
Avec un seul corps sur scène, le spectacle fait vivre tout un monde. Paquita est un bel hommage aux femmes oubliées de l’Histoire, à nos aïeules, à la mémoire transmise de génération en génération. Un spectacle profondément humain.
JDM