Spectacle de la compagnie du Temps qui Pique (13), vu au Théâtre de la Porte Saint-Michel le 01/06/2025 à 18h30. En avant-première du festival off d’Avignon 2025.
- De et avec : Romain Noury
- Mise en scène : Jason Delaruelle
- Lumière et son : Alice Quérel
- Type de public : À partir de 15 ans
- Genre : Seul en scène
- Durée : 1h10
Daniel, septuagénaire aux petites habitudes bien rodées, se remémore les étapes de sa vie, les temps forts, la famille, les amis. Il m’a invitée à parcourir avec lui ces quelques décennies, et avec elles, la croissance de la seconde partie du 20ème siècle.
Seul sur scène, bien calé dans son fauteuil qui a pris son empreinte à force de le recevoir, entouré d’objets entassés, bien à leur place, tous à portée de main, j’ai l’impression que Daniel se sent fatigué. Certes, il a ses petites habitudes, ses petites passions qui n’intéressent que lui ; ça le réconforte, il se sent important de les connaître si bien. J’ai quand même le sentiment qu’il n’y a plus grand monde pour partager sa vie poussiéreuse ou se soucier de lui. Si, peut-être reste-t-il une personne qui compte…
Né au cœur des trente glorieuses Daniel a grandi à une époque où tout est avenir, construction, développement. On veut du neuf, la croissance à n’importe quel prix. Il faut que ça aille vite, que ce soit plus grand, plus brillant. Le monde s’emballe, le goût du paraître et du challenge pousse Daniel à se fondre dans cette société pressée, sans trop regarder autour de lui, sans prendre de recul ou donner un sens à ce qui est naturel et précieux. Et il va y arriver à être dans le moov’, le bling-bling et tout ce qui tourne autour. Mais les œillères sont efficaces, les conséquences inévitables. Des Daniels, il y en a toute une génération.
Le texte est juste, les évènements historiques et tout ce qui fait une génération – les objets, les émissions de télé, les tubes, les événements sociétaux… – symbolisés parfois ou glissés au travers d’une phrase, sont bien là. À peine évoqués, je les ai revus, de nouveau entendus, presque touchés. Évidemment il en manque, mais est-ce la durée du spectacle qui a ses limites ou bien ce que Daniel a bien voulu voir au cours de sa vie ? Je me suis facilement laissée emporter par le jeu de Romain Noury qui, malgré sa jeunesse, réussi à me faire croire en son grand âge. Son jeu est fluide et convainquant. Je pense que comme moi, de nombreux spectateurs auront l’impression de reconnaitre leur époque ou ont dans leur entourage des « Daniel » à qui pardonner.
À découvrir du 4 au 26 juillet, les jours pairs !
Rachel Ferrier Savarin