Marius

Note 3 étoiles

Un spectacle de la Compagnie Louis Brouillard-Joël Pommerat (75), vu au Théâtre du Rond-Point (75) le 18 septembre 2025.

  • Texte : librement inspiré de Marcel Pagnol par Joël Pommerat, Caroline Guiela Nguyen et Jean Ruimi
  • Mise en scène : Joël Pommerat
  • Comédiens : Damien Baudry, Elise Douyère, Michel Galera, Ange Melenyck, Olivier Molino en alternance avec Redwane Rajel, Jean Ruimi, Bernard Traversa, Ludovic Velon
  • Création sonore : Philippe Perrin et Françoise Leymarie
  • Scénographie et lumière : Eric Soyer
  • Genre: théâtre
  • Public : Tout public
  • Durée : 1H 30.

 

L’ouverture de saison a été source de quelques déboires ;  plusieurs spectacles que je souhaitais voir étant déjà complets. Bizarrement, Pommerat ne l’était pas. Or, depuis 2011 et son extraordinaire « Cendrillon », je me décarcasse  pour suivre son travail. En vain ! Pommerat  joue à guichet fermé. De bouche à oreille amicale, je m’étais entendue dire que « Marius » n’était pas un bon cru. Force est de constater que je ne partage pas ce point de vue.

Le « Marius » de Pommerat est une réécriture du « Marius » de Pagnol dans des conditions singulières. Elle est le résultat d’un travail initié en prison, à la Maison Centrale d’Arles. Certains des comédiens présents ce soir ont suivi l’aventure depuis ses débuts, à commencer par Jean Ruimi, sans le désir duquel rien n’aurait été possible.

Si l’essence de l’intrigue est respectée – un jeune homme tiraillé entre son devoir de fils, son amour pour Fanny et son désir d’évasion –  les conditions particulières de création ont généré des thématiques plus subtiles : le désir, précisément,  et sa difficulté à le formuler et à le vivre ; le contraste entre l’impossibilité de dire ses sentiments et la gouaille marseillaise ;  l’ennui qui suinte de partout, le huis-clos puisque tout se déroule dans la boulangerie-bar défaillante de César ; le désir irrépressible d’ailleurs qui, dans le contexte que l’on sait, ne se réduit pas à de simples mots.

Ils sont huit sur scène, tous sonorisés. C’est peut-être là que le bât blesse car la sonorisation est, à mon sens, mal réglée. Fanny (Elise Douyère) est la seule femme. Par leur corps, leur gueule, ils en imposent. Cette présence révèle ce que les caractères taiseux mêlés aux invectives marseillaises à l’emporte-pièce cherchent à cacher. Tous sont, dans le rire ou l’émotion, d’une rare justesse. César (Jean Ruimi) m’a rappelé feu mon cher beau-père. La reconstitution minutieuse de la boulangerie-bar, le phrasé marseillais, les sons additionnels (station de radio de variété, corne du navire qui  s’éloigne) achèvent d’emporter l’adhésion.

« Marius », dans son côté vaudevillesque, n’est pas précisément le type de pièces que je recherche.  Mais dans son genre, c’est un très bon spectacle, plein d’humanité, et qui a permis à ces hommes, au parcours compliqué, de retrouver pleinement la leur.

 

Catherine Wolf

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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