Spectacle de l’association Magories (84) vu le 23/11/2025 à 17h au Théâtre Au Chapeau Rouge (Avignon)
- Auteur/mise en scène : Szandra DEÁKY
- Comédien : Szandra DEÁKY
- Type de public : Tout public (À partir de 14 ans)
- Genre : Théâtre gestuel
- Durée : 1H
- Musique : Ágens
- Extrait de texte : Gabrielle Fabre «Son Papillon de nuit»
Personne sur la scène, seulement l’affiche du spectacle accrochée par deux pinces à linge. Oui personne… pourtant… l’artiste est bien présente, assise avec les spectateurs avec sa valise. Elle attend que le spectacle commence … Comme si elle attendait un train, une présence. Finalement, celle-ci se décide et monte sur scène. Elle commence par sortir l’escabeau, pièce maîtresse du spectacle. Et comme un film que l’on rembobine, elle nous délivre son histoire.
Cette performance est à l’image d’un puzzle. Au début, il n’y a que silence, puis, par l’action humaine, les souvenirs refont surface jusqu’à arriver à une ouverture.
Quels sont les bouts de puzzle ? Ce sont les différentes affiches qui ont été créées pour le spectacle : un concours de dessins a été organisé, dans lequel j’ai participé. Tous ont été mis en valeur et font partie intégrante de la mise en scène. C’est peu commun de voir sa création dans un spectacle, alors que en es le spectateur. Et en même temps, c’est touchant et gratifiant.
Les souvenirs sont sortis de la valise, à l’image d’une fée comme Mary Poppins, ou d’un ange comme Joséphine ange gardien. Sauf que là, comme une amnésie volontaire, l’artiste ne sait pas ce qu’il y a à l’intérieur. Je la vois comme une enfant qui découvre un coffre aux trésors, et qui, par les codes de son propre monde, réalise une quête.
Oui, ce personnage joué sur scène est en fait une enfant. Et comme chaque enfant, il n’est pas encore soumis par la peur des grands. Pour l’enfant tout est possible. Il n’y a pas de frontière. Comme il n’y en pas avec le public ; celui-ci est vu comme un ami, beaucoup d’amis qui sont là pour l’aider dans ses décisions.
Je vois dans ce personnage les qualités d’un clown. Visible par une construction qui explore son propre champ d’expérience. Ne s’inscrivant dans aucun genre précis mais explorant sa propre identité et jouant avec. Il y a de la folie et du bizarre.
Cela en fait quelque chose d’absurde, mais très émotionnel, puisque la créatrice va chercher des parts d’elle-même qui ont besoin d’être entendus.
Elle questionne l’identité de la femme, son rapport à son corps, de la femme objet personnifiée par l’escabeau, et des non dits.
Elle explore l’état de solitude et de silence. Reconstruire ce puzzle, mais seulement pour un moment, puisque tout a déjà été joué.
Ici, le texte n’est pas important puisque il n’y en a presque pas, tout se joue dans les gestes et dans cette discussion entre les objets qui l’entourent, sa propre vision et la vision du spectateur.
C’est à ressentir plus qu’à comprendre.
Yann Stöhr