Spectacle de la compagnie Dell’Edulis (93) vue dans le cadre du festival d’Avignon le 22 juillet au théâtre des Brunes.
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Auteur : Emmanuel Vacca
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Mise en scène & Interprétation : Paolo Crocco
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Collaboration artistique : Fabio Marra
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Création son : Claudio Del Vecchio
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Lumière : Jeanne Dupraz -Luc Dégassart
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Costumes : Pauline Zurini
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Décoration : Claude Pierson
- Durée: 1h15
- Public : Tout public
Extraordinaire ! Je me suis envolée à travers l’histoire d’Ildebrando Biribò, souffleur lors de la première mondiale de Cyrano de Bergerac, retrouvé mort dans son trou à la fin de la représentation, en 1897.
Comment ne pas tomber sous le charme de Paolo Crocco, acteur et metteur en scène de cette pièce folle, un brin déjantée, et absolument géniale ? Acteur est un mot bien trop étroit pour décrire ce qu’il incarne : clown, mime, conteur, funambule des émotions… Il nous fait rire aux larmes sans jamais se prendre au sérieux, et surtout, il nous emmène partout, sauf là où on l’attend. Est-il d’ailleurs possible de l’attendre quelque part ? On le suit dans la danse et on profite.
La mise en scène tourne autour d’une grande malle, lourde, centrale, qui représente la cabine du souffleur. Elle bouge, se couche, se relève. Presque un personnage à elle seule. Elle devient cachette, refuge, scène, tremplin, souvenir. Les jeux de lumière, subtils et parfaitement maîtrisés, rythment le spectacle avec délicatesse. Ils accompagnent, accentuent, sont les complices fidèles de l’acteur, jouant avec lui.
Grâce à un texte incroyable, véritable mise en abyme de l’auteur et de l’acteur, il brouille les pistes entre le burlesque et le tragique, entre poésie et dérision. Chaque minute est un enchantement, les yeux rivés sur lui, ce funambule généreux qui mène la danse avec grâce.
Paolo a l’accent italien, le regard espiègle, le corps habité. Il joue avec ses mimiques, ses silences, son énergie, sa tendresse. Il est drôle, très drôle. Et dans cette parenthèse enchantée, quelque part entre ciel, terre et coulisses oubliées, on oublie tout. On plane dans un entre-deux mondes, on rit, on rêve. On part même faire un tour au paradis ..pour pouvoir écouter ce souffleur d’habitude invisible, que Paolo interprète non pas sous scène, mais sur scène.
Mais… comment est-il mort ? Pourquoi ? Il faudrait quarante pages et un gros sablier pour le découvrir.
Avec poésie et le sourire aux lèvres. La pièce m’a mise de bonne humeur pour la journée. On en ressort plein d’élan, d’émotion… et de joie. Un grand Merci.
Marie-Hortense