Le Pas du monde

Note 3 étoiles

Un spectacle du Collectif XY (59), vu à l’Espace Chapiteau de la Villette (75) le 14 novembre 2025, à 20H.

  • Création : Collectif XY
  • Circassiens.nes : Airelle Caen, Alejo Bianchi, Alice Noe?l, Amaia Valle, Antonio Terrones y Hernandez, Cyril Héritier, Camille de Truchis, Cle?mence Gilbert, Consuelo Burgos, Denis Dulon, Diego Ruiz Moreno, Etienne Revenu, Florian Sontowski, Guillaume Sendron, Hamza Benlabied, Julie Calbete, Kritonas Anastasopoulos, Mikis Matsakis, Oded Avinathan, Pedro Guerra, Raimon Mato Rabassedas, Raphaela Olivo, Virginie Benoist
  • Direction musicale et composition vocale : Virginie Benoist
  • Création lumière : Éric Soyer
  • Création sonore : Jack McWeeny
  • Accompagnement dramaturgie : Olivia Burton
  • Genre : cirque contemporain
  • Public : Spectacle tout public
  • Durée : 1H05

 

J’aime le cirque et j’aime la programmation de la Villette dans ce domaine. Toutes les conditions étaient réunies pour découvrir, enfin, le Collectif XY dans son dernier opus, « Le Pas du monde »

« Le Pas du monde », comme le titre le suggère, raconte le cycle de la vie sur terre depuis les commencements jusqu’à nos sociétés contemporaines hystérisées, en passant par la quête d’un état de nature fantasmé.

Ils sont 22 circassiens-chanteurs – 8 femmes et 14 hommes – pour porter cette histoire ambitieuse. Le narratif se devine par la couleur des différents tableaux. La dramaturgie en laisse paraître successivement quatre types différents.

Le spectacle s’ouvre sur un monde vierge ou idyllique. Les lumières sont chaudes. Les gestes sont lents et particulièrement déliés. Les corps font corps pour se porter, se déplacer, s’envelopper. Les chants chorals, a cappella, envoûtent le visuel dans une transcendance quasi religieuse. Puis l’Humain apparaît. Le rythme est effréné. On court. Les portés deviennent acrobatiques. La lumière est froide, voir stroboscopique. Les musiques additionnelles, inquiétantes, tendent l’atmosphère. Le collectif tente de résister en manifestant. La répression l’emporte. S’ensuivent des tableaux imaginaires. Rêves d’un paradis perdu ou d’une île retrouvée à l’état de nature. Les lumières se font rosacées. De drôles d’animaux, constitués de circassiens toujours en portés, couinent et font rire la salle dans leur constitution et leur déplacement improbables. Le rêve se dissipe et le monde contemporain revient, toujours aussi débridé dans son rythme mais comme apaisé par sa joie. Comme si le collectif s’était réapproprié le monde.

Techniquement, « Le Pas du monde » est sidérant de perfection. Je n’avais jamais vu d’acrobaties sur pyramide. Voltigeurs et voltigeuses multiplient les saltos, les vrilles, à l’endroit, à l’envers du haut du troisième étage des totems humains. Pour les constituer, certains montent en varappe le long des corps déjà suspendus. D’autres marchent sur les mains tendues pour mieux grimper. La descente se fait tout en délicatesse ou, à contrario, en se jetant dans le vide des bras qui récupèrent. Frissons assurés. Le collectif XY ne se contente pas des prouesses circassiennes qui dépassent l’entendement. Il excelle également dans les figures groupées, les déplacements, la danse, le chant. Tout repose sur l’humain et la confiance. La scène, frontale, est vide de tout décor. Seule la lumière sculpte les corps et les micros, accrochés aux cintres, captent les mélopées. Une petite réserve néanmoins : la dernière partie, bien qu’elle puisse faire sens d’un point de vue du récit, est faible. Non pas techniquement, mais en ce qu’elle perd le sens du collectif et tombe dans le travers de la démonstration.

« Le Pas du monde » du Collectif XY, est un spectacle de cirque hors du commun, de par l’alliance de la perfection technique et de la grâce. La salle a ovationné, la presse est dithyrambique. A juste titre.

 

Catherine Wolff

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