LE MARIAGE DE FIGARO

Note 3 étoiles

Spectacle de la Compagnie Les Affamés (07) vu le 6 novembre 2025 à 19 h 30, Salle de la grand font à Joyeuse (07) 

  • Auteur : Beaumarchais
  • Adaptation et Mise en scène : Gilles Droulez
  • Interprétations : Laurent Andary, Betty Chetelat, Fanny Corbasson, Gilles Droulez, Michaël Viguier
  • Costumes : Prêle Barthod
  • Création lumière et Décors : Denis Guez
  • Type de public : Tout public
  • Genre : Théâtre Classique
  • Durée : 1 h 30

 

C’est toujours un plaisir de retrouver « Le Mariage de Figaro » de Beaumarchais, cette comédie vive et mordante où l’on rit autant qu’on réfléchit. La Compagnie des Affamés s’en empare avec sérieux, respect et conviction. Ici, pas de relecture radicale ni de mise en scène révolutionnaire : le choix assumé est celui du classique, d’un théâtre qui honore le texte et la clarté du jeu.

La mise en scène privilégie la sobriété. Tout se joue en avant-scène, parfois un peu trop aligné, ce qui limite la profondeur visuelle et la dynamique d’ensemble. Mais cette contrainte semble aussi vouloir recentrer l’attention sur l’essentiel : la parole et les rapports de pouvoir. Car sous ses airs de comédie, Le Mariage de Figaro aborde des thèmes très actuels — le droit de cuissage, la domination masculine, la condition des femmes, les inégalités sociales. Le texte résonne étrangement fort aujourd’hui. Ce valet qui tente de se faire entendre face à son maître, ce comte tout-puissant qui use de son statut, ces femmes qui cherchent à reprendre leur destin en main… tout cela sonne contemporain.

Et si la mise en scène reste sage, les comédiens, eux, insufflent une belle énergie. Mention spéciale au comédien incarnant Figaro, à la fois vif, drôle et touchant, ainsi qu’à la comédienne incarnant Suzanne, lumineuse et juste, qui fait briller chaque scène. À noter aussi la performance de l’interprète jouant plusieurs rôles (Antonio, Chérubin, Marceline). Il  impressionne par la souplesse de son jeu, sa capacité à glisser d’un rôle à l’autre tout en conservant une présence scénique très forte.

La Compagnie des Affamés livre ici un théâtre de texte, porté par une belle qualité de jeu et un respect du répertoire. Le texte est d’ailleurs remarquablement dit : les comédiens en font entendre toute la richesse, toute l’ironie, toute la force, redonnant pleinement sens à ce grand texte de Beaumarchais. Si la mise en scène reste sage et manque parfois d’audace, elle demeure fidèle à l’esprit de l’auteur, qui savait, derrière le rire, révéler les injustices et les rapports de pouvoir. Sa parole résonne encore aujourd’hui, avec une surprenante actualité.
Et peut-être est-ce là, finalement, la puissance du théâtre : laisser les grands textes parler d’eux-mêmes, portés par la justesse et l’engagement des interprètes.

 

Claire Thomas

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