Le cœur tatoué du conférencier

Note 2 étoiles

Création Off 25 de Tout le Judo ! (75), vu le 08/07/2025 à 21h45, au théâtre du Tremplin, dans le cadre du Festival Off d’Avignon 2025, du 5 au 26 juillet.

 Auteur et interprétation : Bruno Dalimier

  • Mise en scène : Maud Robaglia
  • Graphisme : Justine Dupont et Filip Gonzacenco
  • Type de public : Tout public à partir de 10 ans
  • Genre : Seul en scène
  • Durée : 1h15

 

Un homme est parachuté Conférencier en remplacement d’une intervenante absente pour maladie. La conférence sur « La dépendance affective au sein du couple » a lieu dans le cadre d’un séminaire Bien-être. Notre ami va tenter d’honorer la commande, mais rapidement bifurquer sur sa propre histoire amoureuse qui n’est autre qu’un désastre.

 

La lumière s’allume et je découvre un plateau quasi vide, avec en fond de scène un lit de camp. Quelqu’un y dort dans un sac de couchage. Côté tête, au sol, un tas considérable de pots de Flamby vides. Voici notre homme qui se réveille en sursaut, criant un prénom de femme. Puis il se lève. Il s’adresse au public, nous, qui sommes venu écouter la conférence. Il y a un décalage flagrant entre son accoutrement – débraillé, en robe de chambre et pantoufles, les cheveux en vrac – et son discours. Même s’il a la dégaine et l’attitude de quelqu’un qui se réveille, ou qui pourrait être presque ivre, il parle de façon soutenue, en phrase élaborée, type commercial et calculé, habilement soignée à la manière des politiciens.

L’auteur, accompagné de sa belle voix de conteur, a parfaitement assimilé le vocabulaire employé dans le milieu du Bien-être et du Développement personnel. Il y ajoute habilement celui de la psychothérapie ainsi que de l’ésotérisme. Ça va même chercher dans les vies antérieures que l’on peut supposer via les lectures Akashiques. Mais ce n’est pas tout. Il jongle adroitement avec différents styles très variés, entre langage contemporain voir familier, soutenu, ancien français… c’est un délice. Si adroit soit-il dans le verbe, le personnage est bien mal placé pour nous parler de libération de la dépendance affective, lui qui est en grande fragilité émotionnelle face au couple, à l’amour inconditionnel qu’il fantasme. Au cours de son monologue, on le voit décliner progressivement vers ce qu’il pourrait révéler à un psy.

Cette histoire fait rapidement échos à la pièce d’Anton Tchékhov « Les Méfaits du tabac », dont s’est inspiré l’auteur. Toutefois, j’ai regretté le manque de surprise au départ, par l’atmosphère dépressive qui règne d’emblée, on s’attend facilement à l’imposture. Le semi-SDF qui entame la conférence n’est pas crédible. Plus de subtilité pour cette approche décalée aurait été plus surprenante et drôle. Cette création, pleine de potentiel, mérite quelques ajustements pour marquer les esprits.

Rachel Ferrier Savarin

 

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