Un spectacle produit par le CICT / Bouffes du Nord (75) et vu aux Bouffes du Nord le 27 septembre 2025.
- Texte et mise en scène : Tiago Rodrigues
- Comédiens.nes : Alma Palacios et David Geselson
- Scénographie : Magda Bizarro et Tiago Rodrigues
- Costumes : Magda Bizarro
- Lumière : Manuel Abrantes, Rui Monteiro
- Traduction : Thomas Resendes
- Genre : théâtre
- Public : Adulte
- Durée : 55 min
Depuis que Tiago Rodrigues est devenu directeur du Festival d’Avignon, ses anciens spectacles sont remontés à Paris les uns après les autres. Je n’en manque aucun. Ce soir, c’est la reprise, quelque peu remaniée, du « Chœur des amants », créé à Lisbonne en 2007. Un bonheur total.
« Chœur des amants » raconte, à deux voix, la vie d’un jeune couple, entre amour fou, crise et nouveau départ. Dix-huit ans après sa première création, Tiago Rodrigues a imaginé le devenir de ce couple. C’est l’occasion d’introduire deux autres thématiques, le temps et l’urgence écologique.
Pour régénérer cette histoire vieille comme le monde, le texte et la mise en scène sont d’une inventivité folle. Pour raconter la symbiose du couple, Alma Palacios et David Geselson parlent en chorale, dans une synchronicité stupéfiante. La crise est symbolisée par un arrêt cardiaque. Un cœur qui s’arrête, c’est un amour qui meurt. La scène des urgences est aussi cocasse que dramatique. Dans l’espace et dans le dire, les comédiens sont alors séparés, parlant l’un après l’autre ; l’un assis et l’autre debout. De retour à la maison, « Il faut tout changer ». Chacun y va de son idée, prenant le public à témoin sans entendre le moins du monde ce que son partenaire a à suggérer. La cacophonie est à son comble quand la bouilloire se met à siffler d’un cri perçant, tandis qu’une bande son de percussions annonce un possible combat. Mais nos protagonistes parviennent à trouver le temps, la réconciliation et l’ancrage dans le cycle de la nature et de la vie.
Comme souvent chez Rodrigues, qui privilégie l’intensité du jeu et du verbe, le décor se réduit à sa plus simple expression : un plateau nu jonché de copeaux de bois, une table parisienne et deux chaises, une allemande vert-forêt. La sobriété du dispositif est modulé par l’éclairage. Les comédiens jouent en voix naturelle dans une palette d’émotions d’une infinie richesse. Ce doit être difficile de moduler sa voix en pleine émotion mais celle, masculine, de David Geselson écrase un peu trop celle d’Alma Palacios. Et juste pour le malin plaisir d’ergoter, la chute est un peu longue et attendue.
« Chœur des amants » est un énième chef d’œuvre de Tiago Rodrigues et des comédiens, excellents, dont il sait s’entourer.
Catherine Wolff