L’arche et le château

Note 3 étoiles

Spectacle de la Cie Les Larrons (75) vu le 8 juillet à 14h50 au théâtre Buffon, dans le cadre du festival Off 2025.

 

  • Auteur et interprète :  Xavier Kutalian
  • Mise en Scène : Xavier Lemaire
  • Création lumière : Didier Brun
  • Musique : Trio Erevan
  • Genre : Seul en scène
  • Durée : 1h15
  • Public : Tout public à partir de 10 ans

 

 

Après le décès de sa grand-mère, en vidant son appartement, Xavier  Kutalian découvre un recueil qui retrace l’aventure d’un orphelinat arménien – où vécut son grand père – près d’Istanbul, avant d’être déménagé en France au Château de la Gaudinière dans la région Centre. Bouleversé par ce témoignage, il décide de créer un spectacle pour  partager cette histoire.

Après la mort de son fils de 14 ans, Mihran Karagheusian, émigré arménien qui a fait fortune aux Etats Unis, souhaite s’investir pour sauver d’autres enfants et décide de créer à Istanbul en 1921 un orphelinat pour garçons rescapés du Génocide arménien, qui rappelons le,  fit 1.5 million de morts. L’établissement sera dirigé dans un premier temps par un ami de Mihran émigré en France, le Docteur Tavitian, puis plus tard par l’épouse et Noubar, le fils du docteur. Leurs témoignages dans le recueil retrouvé vont aider Xavier Kutalian à reconstituer l’histoire.

Avec seulement quelques accessoires, le comédien incarne tous les personnages de son récit, Mihran,  son grand père Dicran enfant, d’autres orphelins,  Noubar…  Une carte du bassin méditerranéen dessinée sur un tissu installé sur un portant donne  des indications géographiques en lien avec le propos.  Entre récit et jeu, Xavier Kutalian retrace l’histoire de cet orphelinat. Les bouleversements engendrés par le mouvement nationaliste de Mustafa Kemal conduiront à la fermeture de l’établissement et à son transfert en France en 1924.

Après le voyage en bâteau jusqu’à Marseille, puis en train, toutes choses nouvelles pour eux, les enfants ont dû s’adapter au déracinement, dans un environnement totalement inconnu, et au sein d’une bâtisse en mauvais état. La crise de 1929 ayant eu une incidence sur la fortune de Mihran, les travaux indispensables ne seront pas réalisés, et en 1934 le château sera ravagé par un incendie. La plupart des  enfants ont dû s’intégrer rapidement à la population locale. La fondation Howard Karagheusian poursuivra son œuvre et s’implantera à Beyrouth puis au Liban.

Xavier Lemaire a choisi une mise en scène épurée, utilisant des éléments de décor simples, évoquant la vie quotidienne et le voyage, tapis, valises, pour laisser la place au jeu d’acteur.  L’évocation de cette histoire familiale souvent douloureuse est adoucie par des extraits de musique traditionnelle arménienne sur lesquels le comédien s’essaie à quelques pas de danse.

C’est un spectacle émouvant, très bien mené,  qui fait connaître un volet de l’histoire arménienne quasiment inconnu. A ne pas manquer.

Cathy de Toledo

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