Spectacle de la compagnie Dinamo (94) vu le 09 juillet à 13 h 45 au Théâtre Cour du Barouf dans le cadre du Festival Off d’Avignon.
- Auteur : Flaminio Scala avec les textes de Carlo Boso
- Mise en scène : Carlo Boso
- Interprétations : Enzo Beaugheon, Noussaiba Bezzi, AnnaMaria Ceccarelli, Ferdinand Chenot, Catarina dalla Zuanna, Salvatore Franco, Patrick Passini
- Chorégraphies : Nelly Quette
- Acrobaties : Rémi Paro
- Type de public : Tout public à partir de 5 ans
- Genre : Théatre masqué
- Durée : 1 h 30
C’est un petit miracle théâtral auquel j’ai assisté hier soir dans la charmante cour du Barouf. Sous les tentures sobres d’un décor minimaliste évoquant les façades d’un château vénitien et un vieux puits, la magie de la Commedia dell’Arte a opéré, dans toute sa verve, sa folie et son panache. « La folie d’Isabelle », c’est le nom de cette pièce librement inspirée de la tradition italienne du théâtre de tréteaux, et mise en scène par le maître incontesté Carlo Boso, co-directeur et fondateur de l’Académie Internationale des Arts du Spectacle. Fidèle aux codes originels, la pièce se permet aussi quelques libertés modernes qui lui confèrent une fraîcheur et une inventivité bienvenues.
L’histoire nous embarque à Venise. Orazio revient de Constantinople, échappant aux Turcs et ramenant avec lui la belle princesse Isabelle. Une heureuse nouvelle pour son père, le truculent Pantalon… mais qui sème la discorde dans le cœur de Flaminia, jeune noble jalouse et dévorée par la trahison amoureuse. Aveuglée, elle commettra l’irréparable : assassiner Orazio. Isabelle sombrera alors dans la folie, et c’est tout le petit peuple de Campiello, entre subterfuges, alliances et coups du sort, qui tentera de lui rendre la raison.
Sept comédiens excellentissimes font vivre cette farce tragique, mêlant chants, danses, acrobaties et combats à l’épée dans un rythme effréné. Les masques, éléments emblématiques de la Commedia dell’Arte, sont utilisés avec justesse et malice. Les costumes d’époque, aux tissus chatoyants, parachèvent ce délicieux voyage dans le temps. Le public est aussi pris à partie : on applaudit, on chante, on participe — et ça, c’est un vrai plaisir ! Cette dimension interactive redonne toute sa place au théâtre de tréteaux, populaire et vivant. On rit, on s’émeut, on s’émerveille devant cette troupe pleine d’entrain et de générosité. Mention spéciale à la dynamique de groupe et à l’énergie collective qui transforment cette cour en véritable place publique de théâtre populaire, fidèle à l’esprit des origines. Ce que j’ai adoré dans cette pièce, c’est qu’elle représente vraiment le grand art de la Commedia dell’Arte, dans toute sa splendeur, ses turbulences et ses truculences. Arlequin, Pantalon et tous les personnages emblématiques sont là, et habités par ces jeunes comédiens formidables. Ils nous embarquent avec générosité et fougue dans ce théâtre populaire et joyeusement tragique. Un grand bravo à eux, et à saluer aussi la belle initiative de la cour du Barouf.
Un second grand bravo à ces comédiens et comédiennes et à Carlo Boso pour ce moment de théâtre vivant, sincère et joyeux. Une Commedia dell’Arte comme on en voit trop peu, qui célèbre le patrimoine théâtral européen et parle au cœur du public d’aujourd’hui. Merci au théâtre de la cour du Barouf qui accueille ces jeunes artistes venus de tous horizons.
Une pièce à voir absolument !
Claire Thomas