La Colère

Note 3 étoiles

Spectacle de la Compagnie du Bredin (54), vu au théâtre Présence Pasteur le 23 juillet à 13 h, dans le cadre du festival d’Avignon 2025.

  • Texte et mise en scène :Laurent Vacher
  • Avec : Odja LLorca, Marie-Aude Weiss, Philippe Thibault
  • Musique : Philippe Thibault
  • Dramaturgie : Pauline Thimonier
  • Lumières : Victor Egéa
  • Durée : 1 h 05
  • Public : A partir de 14 ans

 

Je m’attendais à voir un spectacle avec costumes et références historiques sur la vie de Louise Michel, grande figure de la commune de Paris, anarchiste et féministe. Eh bien non ! Rien de tout ça.

 

Sur scène, les instruments de musiques semblent se préparer à un concert de rock plutôt qu’à un spectacle historique. Dés le début du spectacle, Laurent Vacher, le metteur en scène, prend la parole et nous explique de quoi il va en retourner. D’accord pour Louise Michel et sa révolte. Mais lui, il aime bien savoir ce que les autres en pensent. Il associe révolte, injustice et sentiment de colère. Ce qui le questionne, c’est la colère des femmes aujourd’hui. Où l’expriment-elles ? Qu’en disent-elles ? Qu’en font-elles ?

Le ton est donné. Ce sera une parole résolument contemporaine, au plus près des gens, de nous, de notre époque. Louise Michel est bien là, mais en substance, elle flotte dans l’air. Sa pensée se mêle à d’autres citations lors de quelques échanges avec le public. C’est comme si, absente, elle nous écoutait.

Pendant plus d’une heure les deux comédiennes/chanteuses, Marie-Aude Weiss et Odja Llorca vont nous régaler, accompagnées en musique par Philippe Tibault, d’une série de témoignages réalisés en amont du spectacle, auprès de femmes de toutes conditions, et rencontrées dans divers lieux de la ville où réside la compagnie.

Pas en lecture. Non, non. Elles ont appris les textes, comme on apprend des rôles au théâtre. C’est impressionnant. Elles en restituent les gestes, le ton, l’ambiance, les silences, les mimiques, les regards. C’est souvent drôle, parfois désolant. Et c’est superbe de porter sur le plateau du théâtre et rendre publique ces paroles de femmes, intimes, souvent tues, saisies au vol. De la colère ? Oui, elles en ont plein. Le plus souvent, elles la garde en elles. Parfois, elle déborde, décalée. Alors, elles se jugent. Se reprennent, et continuent leur train-train quotidien.

C’est un spectacle rempli de fraternité, qui laisse pointer un sentiment de révolte sourde. Un spectacle qui veut porter un regard lucide sur ce qui meut son prochain. Pour tenter de comprendre.Un concert/reportage/tribune/conférence/théâtral. Un objet hybride, très identifié. Une création qui mélange les genres, totalement juste par rapport à son projet et pour notre plus grand plaisir.

 

Madeleine Esther

 

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