Spectacle de la Compagnie «Domovoï» (Suisse), vu le jeudi 12 juillet au Théâtre La Luna (84), dans le cadre du Festival OFF d’Avignon 2025.
- Comédien : Igor Mamlenkov
- Metteur en scène : Kostya Novitsky
- Metteur en scène clownesque : Xavier Bouvier
- Régisseur : Danilo Gervasoni
- Scénographe : Alexander Myalin
- Costumière et objets : Laura Pennisi
- Durée : 1h
- Genre : clown contemporain
- Type de public : tout public, enfants à partir de 6ans.
Un clown russe… un univers ! Poétique, féérique, fantastique, lumineux ! Ce spectacle est imaginé, créé et joué par Igor Mamlenkov : diverses techniques artistiques (théâtre d’ombres et d’objets, clown, mime, pantomime, danse et musique) s’allient afin de produire un théâtre visuel et sonore. Cela induit pour le spectateur une immersion dans une histoire issue des contes de notre enfance.
Un curieux personnage apparaît ; il était derrière une immense toile, posée en fond de scène. Est-ce un humain? Est-ce une créature? Il est vêtu d’un costume rapiécé. Il a un bonnet de laine noire sur la tête, d’où pendent comme deux oreilles. Il y a une queue au costume, et, sur le visage du personnage, un nez énorme qui ressemble à celui d’un animal. Le regard est vif, intense. Il ne parle pas, il prononce des sons étranges, et s’exprime au travers de sa gestuelle.
Le décor est sobre et représente l’intérieur d’une maison abandonnée : des toiles d’araignées semblent accrochées sur la grande toile et, au sol, sont posées ça et là des caisses, de différentes tailles et recouvertes de poussière.
Qui est-il ? C’ est un «domovoï», un lutin en langue russe. Dans le folklore slave, il symbolise l’esprit de la maison ; il protège l’unité de la famille et la chaleur du foyer.
Or, notre «domovoï» est seul. Sa famille a quitté la maison pour la ville afin de connaître une vie meilleure. Tout autour de lui est silencieux, alors que fait-il ? Il range, il déplace et soulève les caisses et finit par y trouver de vieux objets : un balai, un sablier, une guitare abîmée, un vieux chien en peluche, des vêtements usagés. Chaque objet suscite jeux et manipulations ; le «domovoï» donne vie, invente, s’émerveille, recrée, et invite le spectateur à le rejoindre dans ses trouvailles inattendues et ses amusements naïfs.
Sa gestuelle est précise, maîtrisée. Il demande souvent «kto tam ?» qui signifie «qui est là ?» en russe. L’objet raconte une histoire, un souvenir. Il exprime la nostalgie ; la présence de ses anciens maîtres lui manquent. Il cherche la présence et joue avec le chien en peluche. Ils forment un duo tendre et complice. C’est beau et vivant ! Il cherche la présence et, à un moment du spectacle, il sort de son décor, et va à la rencontre du public.
La dernière scène est sublime, débordante de poésie : cela se crée, sous nos yeux, dans la lenteur, grâce à deux lampes allumées au-dessus de deux lampadaires, deux vestes, disposées de telle manière que j’y ai vu des personnes et une pancarte «better world» ; notre «domovoï» aspire à l’arrivée d’une famille !
J’ai adoré ce spectacle. Il a laissé dans mon cœur une émotion forte, qui a mis plusieurs minutes à se dissiper. J’ai été saisie par l’expressivité, la délicatesse et la créativité du «domovoï». Touchée par sa quête de présence et d’amour, j’ai souri, ri et partagé avec lui joies et peines. Igor joue son personnage avec justesse et sincérité.
Ce spectacle est à ressentir pleinement, et à apprécier avec un esprit d’enfance… C’est un «coup de cœur»!
Patricia Gueperou