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Journée de noces chez les cromagnons

Note 2 étoiles

Un spectacle produit par le Théâtre national de la Colline (75) et vu au Théâtre National de la Colline le 6 mai 2025.

  • Texte et Mise en scène : Wajdi Mouawad
  • Comédiens : Fadi Abi Samra, Jean Destrem, Layal Ghossain, Aly Harkous, Bernadette Houdeib, Aïda Sabra
  • Scénographie : Emmanuel Clolus
  • Traduction : Odette Makhlouf
  • Lumières : Laurent Matigon
  • Musique originale : Nadim Mishlawi
  • Vidéo : Stéphanie Jasmin
  • Genre : Théâtre contemporain
  • Public : Spectacle adulte
  • Durée : 2h

Je suis fidèle et malgré mes dernières déconvenues avec les spectacles de Wajdi Mouawad, je n’ai pu me résoudre à ignorer son dernier opus. Malheureusement « journée de noces chez les cromagnons » n’a fait qu’alimenter mon désamour.

Dans une grande pièce lambrissée baignée de lumière, Nazha est en plein préparatifs des noces de sa fille Nelly. Souhayla, sa voisine, est venue lui prêter main forte tandis que le benjamin, Neel, passablement perturbé par la guerre et la disparition de son frère aîné Walter, n’a de cesse de déranger. Tel est l’argument initial de la pièce, entre vaudeville et absurde. Deux thématiques majeures vont s’y greffer, la guerre et le théâtre.

La guerre, elle est omniprésente par le bruit des bombardements, les éclats de lumière et les coupures d’électricité. Elle est, plus discrètement et profondément, évoquée par l’absence. Absence du pays, absence des êtres chers (le frère aîné, le fiancé) et absence à soi-même. Outre la déficience mentale, parfois violente, de Neel, sa sœur Nelly, la promise, est atteinte d’une « narcolepsie [qui] qui est un don de Dieu dans un pays en guerre ». Il faudra attendre la dernière partie de soirée pour voir la Belle au bois dormant. Elle apparaît en chair et en os, en dehors du praticable en forme de pièce vitrée qui traversait à l’occasion la scène, quand la pièce révèle son ultime dimension : une vaste mise en abyme. Nous assistons en fait, en temps réel, à l’écriture de la pièce d’un jeune étudiant  en théâtre, libanais grandi au Canada, alias Wajdi Mouawad à 23 ans.

Résumé ainsi, c’est assez passionnant. Mais amenés au compte-goutte les différents degrés narratifs peinent à créer une intensité dramatique. Les scènes domestiques sont longues, bavardes et criardes. Le jeu des six interprètes, sonorisé, en libanais surtitré et en français, manquent d’émotion quand il n’est pas carrément mauvais. Ce ne sont pas les quelques astuces scénographiques (projections sur le mur qui dessine l’appartement de Jean au Canada, tenture blanche et pétales de roses rouges pour le rituel du mariage, couverts dressés sur un devant de scène en pente) qui compensent un spectacle poussif à tous égards.

« Journée de noces chez les cromagnons » est un spectacle intelligent dans son intention mais décevant dans sa réalisation. C’est une pièce de jeunesse, matrice de tous les textes à venir, mais qui montée dans la maturité garde toutes les maladresses des jeunes années.

Catherine Wolff

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