Spectacle de l’Association Cliché (72) et produit par Bora Bora Productions vu le 14 juillet à 13 h 50 au Théâtre Les Hivernales CDCN d’Avignon dans le cadre du Festival Off d’Avignon (du 10 au 20 juillet, relâche le 15).
- Auteur : Sylvain Riéjou
- Chorégraphe : Sylvain Riéjou
- Interprétations : Emilie Cornillot, Julien Gallée-Ferré, Clémence Galliard, Sylvain Riéjou
- Lumière : Thomas Carpentier
- Type de public : Tout public à partir de 11 ans
- Genre : Danse Théâtre
- Durée : 1 h 10
Attention, ça décoiffe ! Avec « Je badine avec l’amour », le chorégraphe Sylvain Riéjou et ses danseur·euses complices nous embarquent dans un spectacle jubilatoire où le verbe est haut, le geste insolent et la langue résolument déliée. Ici, personne ne se prend au sérieux, et c’est tant mieux.
Sur scène, un quatuor complice : un danseur, deux danseuses et le chorégraphe lui-même, qui s’amusent à dynamiter les codes de la danse classique et contemporaine. Ils passent à la moulinette airs d’opéra, grands classiques du ballet et tubes de la variété française avec une irrévérence jubilatoire. Tout y passe, des envolées lyriques aux duos langoureux, des poses ultra-codifiées aux clins d’œil désopilants à l’univers du spectacle vivant.
Mais derrière cette légèreté apparente, le propos est malin et finement observé. Le duo amoureux, qu’il soit homosexuel ou hétérosexuel, y est réinventé, débarrassé de ses carcans et de ses clichés. J’ai particulièrement aimé cette recherche de la sensualité dans le rapport à l’autre à travers la danse, dans les gestes, dans les regards, qu’ils soient tendres, drôles, burlesques ou émouvants. C’est un spectacle qui célèbre l’amour libre et sans étiquette, dans tout ce qu’il a de beau, de troublant et de joyeusement déraisonnable.
Les danseur·euses / comédien·nes sont excellents, parfaitement à l’aise dans cet exercice de style où l’on passe du grand écart à la chanson populaire en un clin d’œil. Et le chorégraphe, facétieux et généreux, n’est pas en reste. Chacun se moque tour à tour de soi, des autres, de l’univers de la danse et de ses conventions, dans une ambiance de camaraderie débridée.
On rit, on est ému, on se laisse surprendre par des instants de grâce suspendus. C’est réjouissant, impertinent, et surtout terriblement vivant.
Une belle réussite.
Claire Thomas