Spectacle de la Compagnie les Foutoukours de Montréal (Canada), vu le 3 décembre 2025 à 19 h 30 au Théâtre de Vals-les-Bains (07), lors de leur tournée en France.
- Création clownesque : Rémi Jacques et Jean-Félix Bélanger
- Conception et patine décor : Rémi Jacques
- Réalisation décor : Damien Boudreau
- Conception et réalisation des globes : Jean-Félix Bélanger et Francis Hamel
- Type de public : Enfants à partir de 6 ans
- Genre : Cirque, Clown
- Durée : 1 h
Il est des spectacles qui vous ramènent à l’enfance avec une douceur désarmante. GLOB, création québécoise de la Compagnie Foutoukours actuellement en tournée en France jusqu’au 20 décembre, fait partie de ceux-là. Sur la scène du Théâtre de Vals-les-Bains, deux clowns venus d’ailleurs ont déployé un univers suspendu entre poésie, fantaisie et prouesse technique, où chaque geste devient une invitation à l’émerveillement. Leur spectacle, GLOB, est une invitation à ralentir, à respirer autrement, à retrouver ce que le quotidien nous vole parfois : la légèreté, la naïveté joyeuse, le regard d’enfant.
Deux silhouettes étranges apparaissent sur scène. Touffues, douces, sans âge. Enveloppées dans des combinaisons duveteuses qui évoquent la blancheur paisible d’un cygne. On dirait deux êtres échappés d’un rêve, deux présences dont la seule apparition apaise. On a envie de se lover dans ce cocon doux et chaleureux et se laisser porter. Autour d’eux, de grandes boules blanches lumineuses s’illuminent, changent de couleur, respirent presque. Les clowns jouent avec elles comme avec des compagnons de route, et dès les premières minutes, l’espace scénique devient un monde en suspension, un monde où la lumière raconte autant que les gestes. On ne sait pas très bien où ils sont, ni où ils vont. Eux-mêmes semblent hésiter. Ils attendent… quelqu’un ? quelque chose ? Peut-être que la vie prenne forme.
Alors ils prennent leur temps — ce temps que nous oublions trop souvent. Ils se regardent, se frôlent, s’apprivoisent. Ils rient, s’étonnent… et parfois se chamaillent. De petites disputes éclatent, une pointe de jalousie surgit, des espiègleries viennent troubler la quiétude. Mais rien de méchant : juste la vie, la vraie, avec ses frictions tendres et ses maladresses touchantes. Et pourtant, malgré ces petites piques, une fraternité se tisse. Une fraternité fragile d’abord, puis solide, chaleureuse, essentielle.
Leurs corps hésitants deviennent confiance, leurs gestes maladroits deviennent complicité. Jonglage, danse, musique, acrobaties : tout naît avec une poésie qui ne force jamais. Un piano se transforme en refuge, en escalier vers l’imaginaire. Une échelle suspendue devient chemin vers un ailleurs et ouvre la voie à des acrobaties délicates. Rien n’est expliqué, et pourtant tout se comprend : GLOB raconte l’attente, la curiosité, l’étonnement… l’art de se découvrir, simplement.
Il y a aussi leur art de l’instant. Leur capacité à improviser, à sentir la salle, à accueillir un rire, des pleurs d’enfant, un souffle retenu, un mouvement dans les rangs. Ils transforment ces signaux en jeux, en rebonds, en clins d’œil. Une vraie relation se crée, vivante, simple et belle. Les rires éclatent dans la salle, autant chez les enfants que chez les adultes, preuve que la magie opère. Et puis vient ce moment suspendu, presque secret. Les deux clowns s’assoient côte à côte sur le bois du petit piano, serrés l’un contre l’autre. Ils ne font rien — et pourtant ils disent tout. Leurs yeux se posent sur nous, et une douceur immense en émane. Une fraternité simple, un amour sans fard qui traverse la salle entière.
C’est un instant de grâce, de ceux qui restent longtemps après que le spectacle est terminé : un silence qui relie, un souffle partagé, un geste d’humanité pure.
Quand les lumières se rallument, un immense merci s’impose. Merci à ces deux artistes clowns, Rémi Jacques et Jean-Félix Bélanger — comédiens, acrobates, danseurs, musiciens, jongleurs — pour leur jeu théâtral sensible, généreux, si finement maîtrisé. Leur spectacle est une parenthèse de douceur, d’émerveillement et d’innocence, dans un monde aujourd’hui si tumultueux. Merci pour cette humanité offerte, cette poésie partagée, ces émotions déposées avec délicatesse.
Merci d’avoir rendu, le temps d’une soirée, le monde un peu plus doux, un peu plus tendre, un peu plus lumineux. On ressort avec nos cinq ans, le cœur léger, et le sentiment que la vie elle-même est un miracle à chaque instant.
Claire Thomas