Spectacle de la compagnie Megaera (34), Laureate du prix « en route pour Avignon 2025 » du Festival Des Emergences en Occitanie, vu le 15 juillet à 17 h 15 au Théâtre l’Albatros dans le cadre du Festival Off d’Avignon (relâche les mercredis)
- Auteur : Dennis Kelly
- Mise en scène : Noémie Nicoloso
- Comédienne : Noémie Nicoloso
- Régie : Clément Ducros et Thibaut Nogara Garnier
- Type de public : Tout public à partir de 14 ans
- Genre : Théatre Contemporain
- Durée : 1 h
Je suis restée en silence un moment après la fin, abasourdie. Comme si mon corps et mon esprit avaient besoin de temps pour digérer ce qu’ils venaient d’entendre. Girls and Boys n’est pas un spectacle comme les autres. C’est une parole à vif, celle d’une femme qui, seule face au public, tente de reconstruire les morceaux de sa vie brisée. Le décor est minimaliste, une chaise, un tapis de jeu d’enfant, une corbeille à linge, et dans un coin une cafetière. Cela accentue la parole de cette femme qui est venue nous confier ce qu’elle a vécu.
Sur scène, Noémie Nicoloso incarne cette femme avec simplicité et sincérité. Elle ne cherche pas l’exploit théâtral. Son interprétation est sobre, parfois retenue. Elle s’efface presque derrière le texte, laissant au récit le soin de frapper là où il doit. Ce choix de pudeur a ses forces et ses limites, mais il donne au spectacle une forme de sincérité brute, sans surjeu ni pathos. Parfois, j’aurais aimé qu’elle laisse davantage percer la fêlure, qu’elle ose se perdre un peu dans ce qu’elle raconte. Mais c’est justement cette pudeur-là qui donne au texte toute sa place. Parce que le texte de Dennis Kelly est fort, terriblement juste, et qu’il nous prend là où on ne s’y attend pas. Une histoire d’amour, de bonheur, d’enfants, de projets… puis de fracture, d’effondrement, d’horreur.
Ce que j’ai reçu, ce soir-là, ce n’est pas seulement la douleur. C’est aussi la lumière des souvenirs heureux, la force de continuer, la dignité de celle qui choisit de parler, non pour pleurer, mais pour survivre. J’ai entendu la tendresse, l’humour, l’humanité, malgré tout.
Je tiens à remercier cette jeune comédienne pour son engagement, pour le courage de porter un texte aussi difficile. Merci de nous avoir donné accès à cette parole intime, pudique, bouleversante. Merci d’avoir, par le théâtre, fait exister la résilience et l’amour, malgré l’ombre.
Claire Thomas