Spectacle de la compagnie Les insolentes (75) vu le 29/11/2025 à 20h au Théâtre L’Episcène (Avignon) dans le cadre de « Ceci n’est pas un festival ».
- Texte et compositions : Erell Paineau
- Mise en scène : Romane Ortalli
- Comédiennes et comédiens (en alternance): Erell Paineau, Jeanne Bardin, Amélie Osso, Etienne Dupuy, Oscar Tillette, Doriane Koyalisse, Emilie Ganito, Quentin Skrabo, Nina Mahé, Marie-Victoire Collin, Romane Ortalli
- Type de public : Tout public
- Genre : Théâtre
- Durée : 1h15
Un 29 novembre, alors que les lumières de Noël s’installent dans la ville, l’Episcène nous ouvre ses portes pour « En attendant septembre », on se dit qu’on a le temps, mais l’on va vite se retrouver projetés en août.
Entrée du public, sur scène, trois instantanés de vie nous accueillent, un couple hétéro, un homme seul sur son lit, deux jeunes femmes, couple ou amies, on ne sait pas encore. Dans le fond de la scène, un piano attend son ou sa pianiste.
Début de la pièce : deux concierges surgissent et se glissent derrière le piano, et les saynètes vont alors s’enchaîner dans un rythme soutenu, totalement maîtrisé par les sept comédiennes (5) et comédiens (2), jusqu’à la fin de la pièce. C’est un régal de jeux collectif et individuel, où les impromptus narratifs des deux concierges arrivent toujours à point nommé, rompant parfois même le quatrième mur : « C’est beau, hein, c’est moi qui l’ai écrit ! ».
La pièce se déroule dans un immeuble parisien au mois d’août, dans lequel il semble rester peu de monde. Ces rescapés de l’été s’observent au travers des fenêtres en vis-à-vis, Lise et Agathe interprètent ce qu’elles y voient, Eva et Anton s’y déchirent, alors que Charles se répète les conversations qu’il pourrait tenir. Les mots fusent, les détails aussi, ces détails qui caractérisent chacun et que, de manière imagée ou réelle, on pose tous sur notre table basse personnelle. Comme dans « La vie, mode d’emploi » de G.Perec, la vue en coupe de cet immeuble est ici parfaite. La vie, les rencontres, les hasards vont faire bouger les lignes, avec délice, avec malice, dans ce microcosme urbain, pour évoquer ce qui les anime tous, ce qui nous anime tous, l’amour.
Tout cela me rappelle le film « Escalier C » (Jean-Charles Tachella, 1985) avec R.Renucci, J-P. Bacri, J.Bonnaffé et C.Frot tous presqu’aussi jeunes que les comédiennes et comédiens sur le plateau, et qui comme eux déployaient des personnages plus ou moins seuls, plus ou moins heureux dont les vies se côtoient, se frottent et s’entrecroisent, avec beaucoup d’humanité et de générosité.
La mise en scène est fluide et inventive, le texte ciselé fait mouche à chaque fois « on conjugue les autres au passé quand on n’en a plus besoin », on rit, on est ému, on est charmé, on est conquis « on n’est plus jamais seuls quand on s’aime ». Et cerise sur la gâteau, les compositions originales (paroles et musiques) qui viennent ponctuer l’histoire, ou plutôt les histoires, s’accordent parfaitement au propos, dans un style racé et élégant proche de l’univers d’un Alex Beaupain.
« En attendant septembre » est une pièce d’une totale modernité et qui fait du bien, c’est très bien écrit, très bien fait, très bien joué, que dire de plus… n’attendez pas pour y aller !
David Levet