Spectacle de la compagnie Hors Jeu (87) vu le dimanche 6 juillet à 18h50 au théâtre des Carmes dans le cadre du festival Off d’Avignon – du 5 au 26 juillet, relâche les mardi.
- Texte et mise en scène : Sophie Lewisch
- Comédiens : Nadine Bechade – Emmanuel Bodin – Sophie Lewisch – Florentin Martinez – Charles Pommel
- Genre: Théâtre documentaire
- Type de public : Tout public à partir de 10 ans
- Durée : 1h20
Retour sur les 12 derniers jours du procès des « terroristes » de Tarnac. C’était en 2018, chacun en a un souvenir plus ou moins précis, mais ce spectacle nous permet de mettre le doigt sur les dysfonctionnement de notre système politico-judiciaire.
Le public, chaleureusement accueilli par la gendarmerie vient assister au procès de ce qui est devenu l’affaire Tarnac. Sur le plateau, les cartons figurent le décor de ce tribunal dont le déménagement est « en cours » ou plutôt figure sa décomposition.
Après un rappel rapide des faits principaux (Le groupe de Tarnac a été accusé d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, arrêté par 150 gendarmes dans la petite bourgade au cœur du plateau de Millevaches mais relaxé en 2018 à l’issue du procès.) et du contexte (les attentats de 2001 avec la loi relative à la sécurité quotidienne, le regroupement de RG et de la DST avec ses guerres des chefs, la montée du tout sécuritaire et de la lutte contre « l’ultra-gauche »), permettant de tirer les fils de l’histoire et de la rafraîchir la mémoire de tous, le spectacle se lance dans un rythme d’enfer.
Les cinq comédiens multiplient les changements de rôle : tantôt gendarmes, tantôt les prévenus du groupe de Tarnac, tantôt les avocats et les juges, ou même le public venu s’informer. Bref ça fulgure, ça bouge, ça multiplie les points de vue. Et cela permet de reprendre le récit.
Car ces prévenus sont là surtout pour dénoncer ce fiasco politico-juridique, de revoir le déroulement de cette histoire dingue et qui ne repose sur rien sinon sur des fausses informations . Ou plutôt si : on leur reproche une critique politique sur la société actuelle. Alors sans vraiment remonter le fil, on s’y retrouve petit à petit au milieu des erreurs de procès verbaux, des documents égarés, des preuves qui n’en sont pas, des arrangements politiques pour donner l’impression, et des histoires d’égo.
Bref, c’est parfois un peu confus sur le plateau, mais comme la situation l’était à l’époque, avec des rebondissements. C’est surtout rythmé, drôle et et porté par une bande de comédiens chargés d’énergie et d’envie de nous présenter une vision du monde tel qu’il est. Et comme il est dit à la fin du spectacle : il est important de se rappeler que l’ordre du monde n’est pas une fatalité. Le groupe de Tarnac l’a démontré avec un certain brio et la compagnie Hors jeu porte ce combat qui reste toujours d’une actualité mordante.
L’un de ces spectacles nécessaires qui nous aident à mieux comprendre le monde,
Eric jalabert