Contre-temps

Note 3 étoiles

Spectacle de la Compagnie La Ruche Musicale (13) vu le 17/07/2025 à 11h45 au théâtre des CORPS SAINTS (84) dans le cadre du festival d’Avignon

 

  • Auteur : Eric Chantelauze, Samuel Sené, Raphaël Bancou
  • Mise en scène : Samuel Sené
  • Interprétation : Julien Mouchel, Marion Préïté, Marion Rybaka
  • Type de public : Tout public à partir de 10 ans
  • Genre : Théâtre musical
  • Durée : 1h30

 

Le décor est sobre mais ingénieux : deux planches de bois, tantôt bancs, tantôt balançoires lorsque leurs supports se redressent ; un clavier sur un pied modulable, capable de basculer lui aussi. Tout est déjà en mouvement, en équilibre instable, comme l’histoire qui va nous être contée.

Une voix s’élève, celle d’un enregistrement : l’interview de François Courdot. Deux femmes, l’une vêtue de noir, l’autre de bleu, prennent le relais. Elles nous livrent la trajectoire d’un homme méconnu, un compositeur éclipsé. Il débute à Fontainebleau, brillant élève, il obtient le prestigieux Prix de Rome. Mais il est vite de retour d’Italie à cause de la guerre. Il devient chef d’orchestre d’opérettes. Puis part à New-York.

C’est là, la nuit, dans l’effervescence trouble des bas-fonds, qu’il découvre le jazz, la comédie musicale. Il change de peau, de nom : il devient Frank Riverstein. Sa vie se scinde. Deux femmes, deux styles musicaux, deux rythmes opposés – le jour, la nuit.

Cette double existence est racontée en musique, à travers quarante morceaux admirablement interprétés par Marion Préïté et Marion Rybaka. L’une vient du lyrique, l’autre de la comédie musicale. Elles se complètent, se répondent, se relaient avec grâce.

C’est un voyage musical riche, alternant airs célèbres et œuvres plus rares, tous soigneusement choisis pour illustrer les étapes du récit. De La Bohème de Puccini, La Belle Hélène, à Duke Ellington, Sacha Guitry… jusqu’au final éclatant sur Let the Sunshine In. Un enchantement.

Un pianiste accompagne les voix, tantôt discret, tantôt pédagogue. Il partage des clés de composition, évoque les clusters, les marches en quintes, l’architecture musicale de François, avec une précision déconcertante.

La scénographie est subtilement pensée : lorsque l’équilibre devient thème, les bancs se muent en balançoires, et les interprètes les animent avec finesse. Le clavier, lui aussi, perd parfois son horizontalité, épousant la bascule du récit.

Le rythme est soutenu, la dynamique bien tenue. Les morceaux s’enchaînent sans temps mort. Je me suis surprise à fredonner intérieurement, à accompagner mentalement les voix. Après certains chants, des applaudissements spontanés ont éclaté ici et là, portés par l’enthousiasme du public.

Une belle histoire, des œuvres magistralement interprétées, un spectacle captivant ! À ne pas manquer.

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