Spectacle de la Compagnie les Rois Vagabonds (39) vu à Saint-Julien- Chapteuil (43) le 27 Juin 2025
- Auteur : Julia Moa Caprez et Igor Sellem
- Mise en scène : Julia Moa Caprez et Igor Sellem
- Comédiens : Julia Moa Caprez et Igor Sellem
- Type de public : Tout public à partir de 8 ans
- Genre : Théâtre, clown, Théâtre burlesque
- Durée : 01H10
« Concerto pour deux clowns » fait indéniablement partie des spectacles qui vous emportent ailleurs, loin du quotidien et des soucis. Sous leur chapiteau installé à Saint-Julien-le-Chapteuil, en Haute-Loire, et grâce à la mobilisation des associations, des bénévoles et de la municipalité, Les Rois Vagabonds nous ont offert un moment de pure poésie. Depuis 2008, Julia Moa Caprez et Igor Sellem tissent leur duo de clowns avec finesse et délicatesse, mêlant mime, musique, acrobaties et théâtre burlesque dans un spectacle sans paroles, mais dans un langage universel. La compagnie privilégie désormais des tournées locales et prolongées. Une démarche éthique et engagée qui n’entrave en rien leur désir de rencontres et de transmission. Bien au contraire.
Ce qui m’a touchée, c’est la tendresse et l’humanité qui émanent de tout le spectacle. Le personnage de Julia Moa Caprez, violoniste et chanteuse lyrique aussi espiègle que virtuose, aime attirer les regards et se faire applaudir. On perçoit chez elle cette petite faille humaine, ce besoin d’être reconnue, qui rend son personnage profondément attachant. À ses côtés, le personnage d’Igor Sellem qui se démène pour lui plaire, joue du trombone avec une maladresse savamment orchestrée. D’abord avec un énorme trombone dont il ne maîtrise pas vraiment le son, pour mieux faire rire, et puis, dans un délicieux contrepoint final avec un plus petit instrument à vent qu’il manie avec tendresse et complicité. Le duo nous offre alors un moment de grâce musicale où se mêlent sincérité et joie touchante.
Entre ces instants musicaux, le spectacle déroule un enchaînement de scènes de mime, d’acrobaties, de situations comiques et poétiques où les failles de l’être humain se dévoilent, souvent avec tendresse, parfois avec espièglerie. On y voit les maladresses, les petits égarements égoïstes, les envies de briller seul… mais toujours, c’est la bonté, l’entraide et la fraternité qui reprennent le dessus. Ces séquences sans parole mais riches d’émotion nous rappellent avec délicatesse que la lumière de l’humain finit par l’emporter. Les interactions avec le public rythment ces belles séquences. J’ai été particulièrement touchée par ce très beau passage où un spectateur est invité à venir jouer le rôle du sauveur du clown. Entre le clown et cet inconnu naît alors un instant de pure fraternité, d’amitié, de reconnaissance, où l’on oublie le jeu pour ne garder que la tendresse et l’humanité. Le temps d’une soirée, j’ai retrouvé en moi la petite fille émerveillée, les yeux brillants d’étoiles et le cœur léger. Ce fut un moment suspendu, intense et émouvant, un vrai bain de douceur et de rire. Ces deux artistes ont ce talent rare de nous faire voyager sans paroles, de nous émouvoir et de nous faire éclater de rire dans la même seconde.
On repart la tête dans les étoiles, les yeux remplis de constellations et l’âme allégée. Un immense bravo à eux et à toute leur équipe pour ce spectacle précieux, qui nous rappelle que le rêve et l’émerveillement sont toujours à portée de main.
Claire Thomas