Spectacle de Mû Production (13), vu au Théâtre Golovine (84) le vendredi 7 mars à 20h.
- Chorégraphe, interprète et conceptrice scénographie, costume, ambiance sonore, écriture texte : Marion Gassin
- Violoncelliste : Etienne Beauny
- Créateur lumière : Loris Lallouette
- Scénographe et costumière : Barbara Fougnon
- Costumière : Isabelle Décomb
- Genre : théâtre, danse, arts visuels
- Public : dés 9 ans
- Durée : 50mn (forme courte de 30mn)
Cette pièce, intense et belle, sensible et profonde, riche de diverses techniques artistiques, s’intéresse à « l’Odyssée » d’Homère, et dessine le portrait de Pénélope. Forte d’un travail artistique de réflexion singulier et pertinent, Marion Gassin nous immerge dans l’univers du premier volet de la Trilogie d’Homère et par là nous suggère un voyage intérieur.
A l’arrivée, je suis accueillie par une vidéo, tournée en bord de mer.
Ensuite, l’inventivité de la scénographie – de par la création lumière, le brouillard bleuté, les petits tas de sels, disposés tout autour de la scène – me plonge dans l’immensité. La musique – une composition originale issue d’une recherche sur différentes textures sonores, rehaussée de quelques morceaux de Bach – renforce cette impression.
Dès la première scène, je suis saisie par un sentiment de démesure et d’émerveillement. Pénélope apparaît dans une grande verticalité, vêtue d’une robe blanche, somptueuse, évoquant la mer…Quant au musicien, il est allongé au sol, son violoncelle couché sur lui.
La deuxième scène est pleine de délicatesse, comme un temps suspendu. Pénélope descend d’un tabouret et replie sa robe au cours d’une danse très lente et très douce. J’ai eu la vision de l’écume des vagues.
Dans la scène suivante, elle apparaît dans une baignoire. Sa danse est expressive : des gestes dansés de repli sur soi alternent avec des gestes dansés d’ouverture, suggérant tantôt la douleur de la séparation, tantôt l’espoir du retour de l’être aimé.
Il y aura aussi un texte poétique, écrit par l’artiste, projeté en fond de scène, ainsi que le texte d’une chanson d’amour.
Enfin, la dernière scène m’a surprise et amusée; elle rompt avec l’ambiance créée précédemment : les deux artistes dansent, d’une façon insouciante, sur la chanson de Pétula Clark, «La nuit n’en finit plus». Cette autre chanson d’amour parle aussi du vide, de la solitude, de l’attente.
Le deuxième volet de la Trilogie sera consacré à Homère et le dernier, à leur fils,Télémaque. Ainsi, ces trois portraits tracent le destin tragique d’une famille désunie dans l’espace et dans le temps mais unie dans l’amour et l’espoir. Il se peut aussi que cette histoire, entre en résonnance avec l’intime en chacun.
Marion Gassin est une artiste touchante et «Mû», une compagnie en émergence! «Ce qu’il reste depuis la rive » est leur première création ! La robe est une splendeur ! Bravo à sa créatrice !
Patricia Gueperou