©Gilbert Scotti
Spectacle de la Compagnie Serge Barbuscia (84) vu le 19/11/2025 à 20h au Théâtre du Balcon (Avignon)
- Texte et Mise en scène : Serge Barbuscia
- Comédienne : Camille Carraz
- Création musicale : Sébastien Benedetto
- Effets sonores : Éric Craviatto
- Création lumières : Sébastien Lebert
- Artistes complices : Aïni Iften, Gilbert Scotti, Jean-Baptiste Barbuscia et Fabrice Lebert
- Type de public : Adultes, jeunes
- Genre : Théâtre
- Durée : 1h10
C’est un mercredi soir d’automne, il fait froid, mais cela n’a pas empêché la salle du Théâtre du Balcon d’être quasiment complète pour venir découvrir la dernière création de Serge Barbuscia.
Sur scène, quatre pupitres, disposés dans une lumière bleue, dissimulent ce qu’ils portent ; un micro et une chaise sont placés sur le côté. Pour cette première, Serge Barbuscia prend la parole en citant Federico Garcia Lorca « Le Théâtre qui ne reflète pas le pouls de la société … n’a pas le droit de s’appeler théâtre…», et conclut en rappelant qu’au théâtre, tout ce qui n’est pas donné est perdu.
On ne va pas être déçu.
Le début du spectacle se fait salle allumée, la comédienne entre, elle est Nadia et, telle une conférencière, elle se met à parler au micro. L’auditoire est capté, la lumière s’éteint. Puis durant l’heure qui suit, la comédienne Camille Carraz va incarner avec beaucoup de finesse, de retenue et d’émotions des femmes que l’on peut croiser au coin des rues de nos cités. Pour cheminer, elle va dérouler le fil choisi par l’auteur et metteur en scène, Serge Barbuscia : les chaussures que portent les femmes, afin d’aborder des thématiques sociétales bien actuelles.
Humeur, posture ou armure, les chaussures sont comme des déclarations silencieuses de ce que l’on est, de ce que l’on vit. Mais ici, elles vont devenir audibles puisque, entre les propos de Nadia, vont se succéder sur scène toutes ces femmes différentes : Sophie, Garance, Jeanne, Djamila, une anonyme, Emilie et enfin Francesca. Elles le feront sous les seuls traits de Camille Carraz, qui se multiplie sous nos yeux, grâce à son jeu précis et naturel, en donnant à chaque incarnation toute l’humanité que porte chaque personnage.
En s’appuyant sur son texte ciselé et jamais bavard, Serge Barbuscia met magistralement en scène ces personnages qui se succèdent, avec un jeu de lumière parfaitement dosé, qui découpe le plateau en autant d’espaces, et avec une partition musicale de Sébastien Benedetto, qui est présente mais jamais imposante, jusqu’à un final magnifique.
Avec « Au pas de course » où il décline cette femme plurielle, Serge Barbuscia met en exergue les maux de notre temps, tout en insufflant une dose d’optimiste et d’espoir, parfaitement résumée par l’une de ces femmes : « Sois je gagne, sois j’apprends». Il signe donc un spectacle humain, totalement ancré dans son époque, qui doit être montré au plus grand nombre.
David Levet