Spectacle de la Compagnie Chahut (93), vu le mercredi 16 juillet à 11h15 au Théâtre du Train Bleu dans le gymnase de l’Université dans le cadre du Festival d’Avignon 2025.
- De : Olivier Duverger Vaneck
- Mise en scène : Olivier Duverger Vaneck
- Avec : Olivier Duverger Vaneck, Alexandre Auvergne, Akr Hamdi, Karine Pedurand, Abdulah Sissoko, Louis Vasquez
- Public : Tout Public (à partir de 10 ans)
- Durée : 1h35
- Genre : Théâtre
Quelle différence entre le sport et le théâtre ?
Les semelles crissent sur le plancher ciré, le son du ballon qui rebondit sur le sol résonne dans le gymnase immense. Au milieu de tout ça, les spectateurs sont assis, les yeux rivés sur le terrain, soucieux de savoir si le joueur va réussir à mettre un panier.
Le spectacle commence avec l’arrivée des joueurs. Le public va alors assister à l’un de leurs entraînements. Entre renforcement musculaire et échanges de balles, les sportifs et leur entraîneuse se dévoilent. Ils se confient, se réconfortent. Malgré des égos bien installés, ils finissent par comprendre que leur force réside dans l’entraide. Pour cela, ils vont devoir apprendre à s’écouter, se respecter et se comprendre.
Le théâtre et le sport sont deux disciplines auxquelles on ne penserait pas instinctivement qu’elles sont liées. Et pourtant. 24 secondes est là pour nous prouver le contraire. Plusieurs individus, avec leurs bagages, leurs douleurs, leurs peines et leurs joies, se retrouvent pour former un groupe, une équipe, au sein de laquelle ils pourront partager tous ces sentiments. C’est cette notion de collectif qui est présente autant dans le sport que dans le théâtre. Le choix du basketball comme représentation de cette collectivité est particulièrement pertinent puisque c’est un sport qui parle à un large public, à toutes les communautés et à toutes les strates sociales.
Ce spectacle traite également de sujets qui sont importants aujourd’hui, comme la santé mentale, la dépression, ou encore l’égalité des genres. Il est difficile aujourd’hui de lutter pour cette égalité sans considérer le problème important que pose le monde sportif, discipline ou le sexisme est extrêmement présent. 24 secondes interroge justement la place de la femme dans ce sport ultra masculin. En effet, dans ce club d’Avignon, c’est pas une femme, ancienne joueuse professionnelle, que les autres sont entraînés. Elle est leur guide, celle à qui ils peuvent se raccrocher, et elle les console autant qu’elle les remet en place d’une main de fer.
Le choix de jouer ce spectacle dans un gymnase est aussi particulièrement judicieux. D’une part, cela renforce l’idée que n’importe quel lieux, à partir du moment où on le décide, peut être un théâtre. D’autre part, ce choix démontre une authenticité touchante du spectacle. L’endroit est populaire, au même titre que le sport, et que le théâtre. Toute la mise en scène, depuis les déplacements, jusqu’à la création musicale en passant par le travail des lumières, est créée dans cette même idée d’accessibilité et de vulnérabilité.
Il n’existe pas d’artifices, dans 24 secondes, seulement des humains qui essaye de naviguer et comprendre leurs différences.
Marceline WEGROWE